Les interstices et l’invisible
Il existe des parts invisibles, discrètes, silencieuses. Ces moments que l’on remarque à peine, ces gens qui se taisent, que l’on remarque à peine, ces choses et qualités qu’on ne voit pas et que l’on remarque à peine. Et pourtant, ces silences, ces espaces entre les lignes ont le pouvoir de nous combler de joie et de nous remplir d’énergie.
Je voudrais parler de tous ces moments “entre”, pour “aller vers”, “en direction de”, ces moments imprévus lorsque l’on va dans un lieu, au travail par exemple et que l’on marche vers son bureau, chez le médecin, à la boulangerie, ces routes imprévues en vacances, ces chemins connus que l’on parcourt chaque jour et qui nous permettent de faire émerger nos rêves, nos désirs, nos envies. Cette énergie poussée par un élan qui canalise une quantité de rêves profonds. C’est la magie du mouvement. Celui dont l’objectif est moins important que le chemin. Et qui pourtant nous fait penser parfois l’inverse. Faire est salutaire car ce mouvement nous fait entrer dans une énergie constructive, nous relie à des actions concrètes et vient rendre nos rêves encore plus palpables, éveiller nos désirs et nous remplir d’espoirs.
Il en est de même pour les êtres discrets, ceux qui n’utilisent pas le langage parlé comme langue principal mais qui préfèrent un autre mode de langage. Ceux qui se font petits et qui n’ont pas la voix qu’il faudrait avoir pour se donner en spectacle, ou pour exprimer son opinion en public. Ceux dont la bonté et la présence rend “à l’aise”, confortable, ceux qui font de la place à l’autre, aux autres. Ceux qui observent et qui par un regard font sentir les autres biens. Cette gentillesse et cette bonté sont riches car elles enrobent un lieu de bienveillance, contribuent à un monde d’amour.
La disparition de Gaspard Ulliel, cet acteur bon et discret à l’écran comme dans la vie, si on lit tous les éloges faits sur lui, m’a fait réaliser à quelle point bonté et gentillesse valent de l’or et pourtant semblent être mises en second plan tant on a l’habitude du bruit, du spectacle et de l’apparence extérieure. Cette disparition m’a aussi fait réfléchir sur la grandeur de la vie, sur chaque moment, le plus anodin soit il, capable de renfermer des choses réparatrices et vitales. Le tragique met en perspective la puissance et les éclats de la vie. Le drame donne du relief et renforce la beauté de tout cet ensemble invisible, indissociable de tout le reste.
Claire